Deux mois avant Concorde, le supersonique Russe TU-144 effectuait son premier vol . Le constructeur soviétique reproduisait du moins en apparence un avion ressemblant beaucoup à Concorde.
Il décolle de la piste de Zhukovski pour un vol de 38 minutes. Les pilotes sont assis sur des sièges éjectables au cas où…mais heureusement ils ne serviront pas ! L’équipage est de deux pilotes et un ingénieur d’essai en vol (E.V Elyan, M.V. Kozlova et V.N Benderova). Par mesure de précaution, l’équipage ne rentre pas le train d’atterrissage.
Les essais en vol vont alors pouvoir commencer pour de bon. Le Tu144 franchit le mur du son pour la première fois le 5 juin 1969 et devient le premier avion de transport à franchir Mach 2 le 26 mai 1970 à une altitude de 17 kilomètres. Le même mois, il va sortir de l’Union soviétique pour la première fois, pour aller au bourget, sa première apparition publique. Il s’agira de la première rencontre entre Concorde et le Tu-144, alors même que les américains viennent d’annuler leur programme de supersonique civil ! A l’issue du salon, le Tu-144 va retourner derrière le rideau de fer, et on ne le reverra pas avant 1978.
Mais le prototype montre rapidement ses limites : Tupolev revient à la planche à dessins et va faire de très nombreux changements : la forme des ailes change, passant d’une forme ogivale à une forme bi-conique plus facile à construire, les moteurs du Tu-144S sont des Kustnetsov NK-144F, plus économes et plus puissants que sur le prototype, le train d’atterrissage compliqué est modifié etc…Enfin, last but not least, il va ajouter des surfaces mobiles juste en arrière du cockpit : des moustaches de chat rétractables qui permettent un meilleur contrôle à basse vitesse, mais qui sont rétractables à haute vitesse. Conjugué au nez basculant, ce dispositif donne un air curieux à l’appareil au sol…une sorte d’animal curieux, comme une grue.
La raison derrière l’arrivée ces curieuses moustaches est que sur un avion delta, le fait de bouger les elevons vers le bas augmente la portance à basse vitesse (comme des volets) mais fait pencher le nez vers l’avant. L’utilisation des dérives canards permet d’annuler cet effet, réduisant ainsi la vitesse d’approche jusqu’à 330 km/h. Cette vitesse est cepndant encore 50 km/h au dessus de celle de Concorde qui bénéficie d’une aile plus aérodynamique et qui donne une meilleure portance à basse vitesse que l’aile en double delta du Tu144.
Le premier appareil de production vole dès Août 1972, avant de passe le mur du son le 20 septembre. 1973 : nouveau salon du Bourget, Concorde est là, empêtré dans ses annulations de commandes, et l’URSS envoie un Tu-144 faire une démonstration en vol. L’appareil est le CCCP-77102. Le 3 juin 1973, l’appareil se brise en vol avant de s’écraser à Goussainville à proximité du Bourget. Les six membres d’équipage sont tués, ainsi que 8 civils au sol, et 15 maisons sont rasées.
- 1 prototype (68001)
- 1 appareil de pré-production (77101)
- 9 appareils de série Tu-144S (77102 à 77110)
- 5 appareils Tu-144D (Dal’nyaya ou long rayon d’action) (77111 à 77115)
- 1 Tu-144D (77116) qui ne sera jamais terminé